Khelm selon Anne-Lise
Khelm
est une sorte de microcosme et la réputation de fous ou d’idiots de ses
habitants n’est plus à faire alentours. La vie des "Khelmiens" est
ponctuée par les édits d’une institution : Le Grand Conseil des Sages. Au
moindre problème, les habitants courent voir ces sages qui n’hésitent pas, au
bout de sept jours et sept nuits d’intenses réflexions, à éditer des lois. On
en arrive souvent à une surenchère de solutions qui confinent finalement à
l’absurde. Car à Khelm on tire le fil de la logique jusqu’au point où de logique
il n’y a plus.
Schlemiel,
habitant de Khelm, est un anti-héros par excellence, homme au foyer et naïf
jusqu’à la pointe de sa barbe. Il va tout de même avoir un jour le courage de
partir. Peut-être pour échapper au joug de sa femme ? En tous cas, il part
en quête d’une existence meilleure, d’un monde dont on lui fait miroiter les
richesses. Mais Schlemiel, n’ira pas bien loin. C’est un beau voyage intérieur
qu’il accomplira.
Peut-on
avancer comme thèmes une satire du pouvoir ? L’immigration comme recherche
d’un eldorado ? Le bon sens des femmes ? À force de vouloir définir
on risque d’en arriver à l’absurde ! Je vous propose donc de voir, de
sentir de savoir.
Mais
c’est avant tout un voyage et un sensible que j’ai envie d’offrir au public. Et
souvent on vient me dire à l’issue du spectacle : « Nous étions bien
à Khelm. »
Le conte dans toute sa vivacité - du geste à la parole
Lorsque
l’on pense conte, on pense souvent mots, paroles, musicalité du langage. Mais
je veux avancer un autre point : la musicalité du corps, du geste. Un
regard, un tressaillement est parfois plus éloquent qu’une parole.
Je
cherche à jongler entre le geste et le mot, à trouver un subtil assemblage,
l’un peut-être le relais de l’autre. Ils peuvent également exister ensemble ou
séparément et se développer. Au fur et à mesure de la construction du conte, le
public va voyager entre le son et le regard. Et son imaginaire va pouvoir
s’envoler à partir de ces deux sens.
Le conteur-mimeur ou petit aperçu descriptif du spectacle
La
conteuse arrive, commence par les mots à planter la situation, à donner la
température du conte. Puis les gestes se déploient peu à peu et les personnages
se mettent à sortir. Schlemiel veut parler de ses rêves, chanter… Mme
Schlemiel, en sacro-sainte gardienne du foyer prend soudain l’espace de la
scène… Puis la conteuse revient, pour un instant… Jusqu’au moment où les sages
arrivent : c’est un village entier qui se dessine. C’est un peu comme une
panoplie de personnages accrochés à une penderie. D’un cintre, je décroche la
peau d’un personnage. Je peux revêtir la peau entière ou simplement une main,
un doigt, le pied, le haut du corps ou le regard. Puis je remets le vêtement au
placard ou juste sur la chaise afin de le reprendre plus vite.